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Valérie lévy Neumand
Psychologue
DISPOSITIF MONPARCOURSPSY
Explications d'un boycott de la profession
Le gouvernement a lancé au printemps 2022 un dispositif "MONPSY"
( qui a déjà changé 3 fois d'appellation pour en 2024 s’intituler "MONSOUTIENPSY") sensé permettre l'accès à tous au soin psychique remboursé par la cpam.
Ce dispositif a été pensé, et construit par des technocrates sans concertations avec les psychologues eux mêmes.
La profession dénonce un dispositif inadapté , mensonger, pervers et dangereux.
Tout d'abord il n'est pas accessible à tous puisque sont exclus, les personnes :
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ayant moins de 3 ans
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souffrants d’un burn-out, d’une dépression chronique, d’un deuil compliqué, de trouble anxieux généralisé, de TOCS, de troubles du comportement alimentaire, d’addictions, de troubles cognitifs, d’une maladie neurodégénérative, de troubles autistiques, de troubles de stress post-traumatique, ayant un traitement anxiolytique, antidépresseur ou des somnifères depuis plus de trois mois, ayant été admis en hôpital psychiatrique dans les trois dernières années ou étant en arrêt maladie depuis plus de six mois pour motifs psychologiques.
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les enfants ayant des troubles de l’oralité, dyslexie, dysorthographie, dyspraxie, angoisse de séparation, questionnement identitaire et de genre, automutilations, inhibition sociale, troubles du langage, TDAH ou harcèlement scolaire.
D'autre part, il ne vous sera accordé que 12 séances par an, dont une d’évaluation et une de bilan, donc 10 séances seulement de travail réel, mais également des séances au rabais, plus courtes, vu l'indemnisation reçue par le psychologue pour ce faire, (donc pas de vraies séances où on prend le temps de se dire et d’être écouté qualitativement)
Malgré l'évolution du dispositif en 2024 , qui a fait face au boycott de 93% des psychologues concernés, le dispositif continue à poser un problème éthique et déontologique et les psychologues continuent massivement de le dénoncer.
Rappelons que la formation de psychologue est une formation universitaire de 5 années après bac ( ou 8 années si il y a un doctorat) qui se poursuit à la faculté des sciences humaines ( et non à la faculté de médecine où sont formés les médecins et les par-médicaux)
Le sens de la psychologie clinique est une démarche spécifique, qui flirte aux frontières d’autres sciences humaines, comme la philosophie, l’ethnologie, la sociologie , la pédagogie, la communication, l'histoire des civilisations... etc ...et d’autres sciences dites dures, la neurologie, les statistiques et les probabilités, la pharmacologie..etc.
Le psychologue navigue donc toujours dans une approche globale de la personne, plus étendue que sa propre spécificité professionnelle sans pour autant en déborder, et en s’inscrivant dans le cadre de la déontologie de sa profession et d'une éthique, constamment repensées et supervisées.
Le psychologue n'a absolument pas de présupposé sur le cheminement qui sera celui du patient, car il travaille sur la singularité qui ne peut entrer dans aucun protocole. Le psychologue entre en interaction avec l’Autre non pas à travers une pathologie mais à travers ce que le consultant exprime de son identité, de ses ressentis, de ses fonctionnements interpersonnels et émotionnels.
En cela le psychologue n'est nullement dans une approche médicale ou paramédicale qui est à l’opposé de la sienne.
Rappelons que l’approche médicale répond à la démarche du « Auscultation ; diagnostic, traitement » dans l’objectif d’un retour à une norme indispensable dans ce contexte.
Si vous êtes diabétique vous attendez de votre médecin qu'il vous ramène à la norme glycémique, si vous êtes en post opération d'une prothèse de hanche, vous attendez de votre kinésithérapeute qu'il vous ramène à la capacité de marcher etc.
Le psychologue clinicien lui, n’a pas d’objectif préétabli pour le patient, et encore moins celui d’une recherche normative. Le seul objectif entendable serait celui de l’apaisement des souffrances ; mais là encore ce n’est pas si simple, car il faut parfois traverser bien des souffrances psychiques avant d’accéder à sa propre liberté.
Le travail produit en psychothérapie est toujours une co-construction entre le ou la professionnel.le et celui ou celle qui consulte ; le/la professionnel.le ayant un rôle de « révélateur » des propres voix et voies de son interlocuteur.
Accepter une convention par la cpam , c’est entrer dans la para médicalisation, où des professionnels autres, ne connaissant rien à la démarche spécifique précitée (construite tout au long d’une formation universitaire et d’une carrière) prendront peu à peu l’aval sur notre profession.
C’est déjà ce qui se passe en milieu hospitalier où les psychologues n’ont plus la liberté d’exercer dans le cadre de leur déontologie.
( où la sélection des accompagnements à prioriser s’établit par la gravité de la pathologie, (logique médicale) ou par des logiques économiques ou moralisatrices, et non par le degré d’élaboration chez le patient d’une demande -logique de psychologue-)
Ce conventionnement c'est un peu, comme si le ministère de la santé décidait, parce que la santé passe par l'assiette et que le surpoids est un problème de santé public, que la cpam allait conventionner les chefs cuisiniers.
Et que pour un forfait de 5 euros ceux ci pourraient offrir en leurs restaurant, un repas par personne, deux fois dans le mois, selon des critères établis par la cpam qui s'apparentraient à un plat unique du style "purée-jambon-salade" ou "omelette brocolis" ( sous condition d'un dossier administratif et critères de poids des clients, pré établi par le chef cuisinier)
Gageons que les professionnels de la restauration boycotteraient ce conventionnement (sauf ceux en quête d'une clientèle), ou que progressivement, si la mesure était étendue et imposée , les restaurants français , leur richesse, leur créativité, leurs diversités, disparaitraient au profit de pâles et tristes cantines "d'état". Le monde aurait alors perdu beaucoup au nom d'une démarche de progrès et de contrôle de la santé.
Les psychologues ont à cœur de défendre la liberté et l'autonomie de leur profession dans l’intérêt d'un accompagnement singularisé des patients , gage de qualité et d'efficience pour ces derniers.
Notons que les millions d'euros dégagés pour ce dispositif auraient pu largement être investis à l’embauche de plusieurs milliers de psychologues dans les centres medico psychologiques, et les hôpitaux des services publics